Né à Budapest le 30 mai 1871, dans une famille de banquiers juifs hongrois naturalisés français en 1890, Horace Finaly étudie à Paris au lycée Condorcet. Marcel Proust est parmi ses compagnons pendant les cours de rhétorique et de philosophie. Après le Baccalauréat, Finaly obtient sa licence en droit, effectue son service militaire et est introduit dans le monde de la haute finance par son père.
Son père, Hugo Filaly, israélite, faisait partie du monde de la finance internationale et bénéficiait grâce à son cousin le baron Horace de Landau, de l’appui des Rothschild. En avril 1900, à vingt-neuf ans, Horace Finaly entre à la banque de Paris et des Pays-Bas où l’attend une carrière fulgurante.
Finaly connût une enfance heureuse entre l’appartement familial du boulevard Haussmann, les villégiatures en Autriche ou à Trouville et les séjours à Florence auprès d’Horace Landau, le grand homme de la famille. Marqué par son oncle, le futur banquier manifeste très tôt un goût prononcé pour la littérature. Outre Marcel Proust à qui il est très lié, la famille fréquente Anatole France, André Gide, Pierre Louÿs, José Maria de Heredia, écrivains de l’époque. C’est un moment de l’histoire où le monde de la haute finance met un point d’honneur à fréquenter les élites culturelles et où presque chaque soir, dans les salons des grands banquiers, on organise devant un parterre de gens du monde, récitations poétiques et mises en scène théâtrales.
Finaly présente sa sœur Mary, à Marcel Proust et les deux se retrouvent l’été à Ostende et à Cabourg. Ils font de longues promenades en calèche dans la campagne normande, s’arrêtant parfois dans les fermes à boire du cidre, exactement comme le fait le narrateur de A la recherche du temps perdu, avec Albertine « la jeune fille dont le profil se détache sur la mer », qui, en effet s’appelle Marie dans certaines versions préparatoires.
Loin d’adhérer à la haine de classe qui caractérisait largement la bourgeoisie française des années 30, Horace Finaly, directeur de Paribas, était un proche de Léon Blum et du centre gauche. Il met pourtant le bon vieux « pouvoir de l’argent » au service de la modernisation de l’économie et des rapports sociaux. En réalité Finaly n’était sans doute ni de droite, ni de gauche, ni anglophile, ni anglophobe et la politique nationale se devait, pour lui, confondre avec la politique internationale dans la recherche d’un objectif suprême : la réconciliation continentale européenne. Finaly a été un remarquable personnage de son temps, entouré d’un état-major d’économistes et
de techniciens, il a su faire de la Banque de Paris une puissance capable d’œuvrer
à égalité avec les premières banques anglo-saxonnes de I’époque.
Depuis la mort de sa femme, en 1921, le banquier vit seul, vouant tout son temps à la banque. Mais à soixante-cinq ans, Horace Finaly ne cache pas sa lassitude, passant une grande partie de son temps dans la villa de Florence qui avait jadis appartenu à Horace Landau. 66000 volumes lui font compagnie. La guerre le chasse de l’Europe et il se réfugie à New-York où il meurt le 19 mai 1945, mais il est enterré avec les grands parisiens au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
A sa mort, il donne sa bibliothèque à la Ville de Florence, où la Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze (Bibliothèque Nationale Centrale de Florence) la regroupe dans un fond spéciale intitulé « Laudau-Finaly » principalement constitué de manuscrits, d’incunables, de gravures, de gravures musicales. La villa Finaly, léguée par la famille à la Sorbonne en 1953, en est aujourd’hui le siège florentin.